28 mars 2024
gare d'Autun
Cerema
Réussir la décarbonation de nos mobilités à l’horizon 2050 suppose de développer l’usage de modes de déplacements moins émissifs que la voiture individuelle. Parce qu’ils permettent de faciliter l’intermodalité et donc d’agir en faveur du report modal, les pôles d’échanges ont un rôle majeur à jouer dans cette évolution indispensable des mobilités.
Pourtant, de nombreux pôles d’échanges sont encore loin de valoriser la diversité des offres de transport auxquelles ils donnent accès et de simplifier les parcours des usagers qui les fréquentent.

Le Cerema Centre-Est a choisi d’accompagner quatre collectivités dans leurs réflexions sur ce sujet afin de dégager des pistes d’amélioration.

 

UNE MÉTHODE DE DIAGNOSTIC-FLASH DÉPLOYÉE SUR QUATRE SITES

Le Cerema Centre-Est a lancé une démarche exploratoire en partenariat avec quatre collectivités pour tester une méthode de diagnostic-flash visant à analyser le fonctionnement de leurs pôles d’échanges. Les quatre collectivités qui ont été retenues sont la communauté de communes du Grand Autunois Morvan (Saône-et-Loire), pour un travail sur la gare d’Autun, la communauté de communes du Pays de l’Ozon (Rhône) qui s’interrogeait sur le fonctionnement de la gare de Sérézin-du-Rhône, les communes de Bonson (Loire) et d’Entrelacs (Savoie), enfin, pour étudier leurs gares respectives. Une méthodologie similaire a été déployée sur les quatre sites par une équipe-projet de 6 à 7 personnes qui mêlait agents du Cerema et de la collectivité concernée. 

Après une première phase préparatoire, une journée d’enquête a été organisée sur chaque site et a mobilisé des techniques diversifiées : observations, comptages, entretiens avec des usagers, entretiens d’acteurs, diagnostics en marchant avec élus et techniciens. Les équipes projet se sont réunies ensuite à plusieurs reprises pour s’accorder sur les enseignements à retenir de ce diagnostic "à 360°" et produire des recommandations permettant d’améliorer le fonctionnement du lieu. Ces enseignements et préconisations ont été ensuite présentés aux élus et aux partenaires de la collectivité.

 

DES DYSFONCTIONNEMENTS RÉCURRENTS

Les principales conclusions tirées de ces diagnostics mettent en lumière plusieurs problématiques communes. Premièrement, les pôles d’échanges sont souvent mal connus des acteurs du territoire, ce qui nuit à leur valorisation et à leur intégration tant dans le tissu urbain environnant que dans les politiques plus globales d’aménagement. Ces lieux relèvent de différents propriétaires ou maîtres d’ouvrage. Toute intervention nécessite par conséquent une collaboration étroite entre des partenaires qui, usuellement, dialoguent peu.

Ensuite, les diagnostics et enquêtes de terrain révèlent que les conditions d’attente des usagers sont souvent insatisfaisantes en raison d’un manque de confort et de l’absence d’informations claires et à jour sur les différents modes de transport disponibles. L’accessibilité constitue également un point faible. Les obstacles à l’accessibilité pour les usagers à mobilité réduite sont nombreux. Trottoirs absents ou trop étroits, aménagements cyclables inexistants ou de mauvaise qualité, l’accessibilité plus globale au pôle en modes actifs est souvent limitée, ce qui nuit à leur utilisation comme alternative à la voiture individuelle. 

Pourtant, les enquêtes menées auprès des usagers des trois gares périurbaines révèlent tout le potentiel offert pour développer le rabattement en gare en modes actifs : en moyenne, neuf usagers sur dix viennent de la commune-gare ou des communes limitrophes, alors que la voiture est prépondérante pour venir à la gare.

Des situations préoccupantes pour la sécurité des usagers ont pu être constatées par endroits pour différentes raisons : vitesse des véhicules sur la voirie environnante, contraintes liées aux manœuvres des cars ou encore cheminements effectués le long des voies ferrées pour éviter des détours. Un dernier point d’attention relevé concerne le manque de « dialogue » des pôles d’échanges avec l’espace urbain environnant (effet de coupure lié aux voies ferrées, bâtiments-voyageurs souvent fermés ou sous-utilisés, parvis peu valorisants...), ce qui nuit à leur attractivité.

 

QUELLES PRÉCONISATIONS POUR AGIR ?

Pour remédier à ces problèmes, des préconisations ont été formulées sur chacun des sites en lien étroit avec les collectivités concernées. Si ces préconisations ont des spécificités propres à chaque cas, elles renvoient toutes à trois grands registres d’action.

Tout d’abord, ces préconisations insistent sur l’enjeu d’améliorer la coordination entre les différentes institutions impliquées dans l’organisation du pôle d’échanges en créant une structure de gouvernance qui permettra de partager l’état des lieux, de comprendre les compétences et les objectifs de chacun et de se doter d’une vision partagée pour le devenir du site. Ensuite, des solutions simples et rapides pouvant être mises en œuvre à court terme pour améliorer le fonctionnement des pôles d’échanges ont été recommandées : remise en état ou installation d’équipements de confort, mise à jour des panneaux d’information, « désencombrement » de l’espace public et des accès aux quais et équipements. En la matière, un minimum de coordination entre les partenaires et gestionnaires peut apporter une amélioration bienvenue sans nécessiter de lourds travaux. 

Enfin, un partenariat de travail établi sur ces premières initiatives permettra d’envisager des actions structurantes à moyen ou long terme qui ont été proposées selon les quatre priorités suivantes :

 

 

 

Les 4 axes prioritaires :

  • La facilitation de l’intermodalité au niveau du pôle (organisation différente des dessertes routières, relocalisation des arrêts de cars, redistribution spatiale des modes en présence...) ;
  • Le renforcement des solutions alternatives de rabattement (aménagement d’itinéraires sûrs et continus pour la marche et le vélo, stationnements pour vélos, développement d’offres de transport collectif ou de mobilités partagées), ce qui suppose de maîtriser le stationnement automobile sur le pôle et aux abords ;
  • L’amélioration de l’insertion du pôle dans l’espace urbain (adaptation de la voirie de desserte, création de parvis organisant la lisibilité et la distribution des flux, création de nouveaux cheminements ou d’accès aux quais...) ;
  • La recherche d’une plus grande mixité fonctionnelle (installation d’activités valorisantes dans le bâtiment-voyageurs ou à proximité, anticipation de la mutation de certains fonciers pour accueillir de nouvelles fonctions qui concourront à l’attractivité du site, etc.).

 

En savoir plus :

Disponibles en téléchargement : un diaporama de synthèse de ces quatre travaux exploratoires ainsi qu’une note détaillée présentant la méthodologie utilisée.

Dans le dossier Gares et pôles d’échanges multimodaux : un centre de ressources sur les lieux de l’intermodalité

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