Connaitre les pratiques associées et mesurer le poids de ces nouveaux modes dans la mobilité quotidienne n’est pas simple, tant les signaux restent encore faibles au milieu des flux de déplacement massifs que sont la voiture thermique, les transports en commun ou la marche.
Pour mieux connaitre ces "événements rares" au sens statistique, le Cerema a regroupé les récentes enquêtes de mobilité certifiées Cerema (EMC²) pour cumuler suffisamment d’observations. Cela permet de dresser des premiers enseignements concernant la pratique de ces modes et leurs usagers. Nous attirons l’attention du lecteur sur le fait que la population d’étude ainsi constituée n’assure pas rigoureusement une représentation de la population du territoire national (l’Ile-de-France notamment n’est pas du tout représentée, cf. encadré "Précautions d’usage") mais sa composition suffisamment variée permet tout de même de dégager des ordres de grandeur robustes présentés ici.
Précautions d'usage des résultats
L’utilisation des EMC² de manière regroupée pour éclairer sur ces pratiques est possible, mais quelques précautions sont à signaler dès à présent :
- Cette étude visant à réaliser un diagnostic de la pratique récente du vélo à assistance électrique, de la voiture électrique et de l’EDPM, seules les enquêtes réalisées entre 2021 et 2023 seront prises en compte. La pratique étant relativement faible en population générale, on choisit de décrire cette pratique en cumulant les échantillons pondérés des différentes enquêtes, cet agrégat est nommé "EMC² 2021-23" par la suite. Chaque EMC² utilisée est donc bien représentative de la population qu’elle couvre mais l’ensemble de ce cumul n’est pas rigoureusement représentatif de la population du territoire français (cf. encadré ci-dessous sur les EMC² 2021-23).
- Les résultats ne concernent que les trajets d’une distance inférieure à 100km, réalisés en semaine, du lundi au vendredi (trajets décrits jusqu’à 4h le samedi matin) hors vacances scolaires.
- La population de référence dans cette étude sera la population résidant dans les périmètres d’enquête et âgée de 15 à 59 ans pour le zoom sur les trottinettes électriques (la pratique étant quasi inexistante chez les plus de 60 ans dans les données observées, et légalement interdite en dessous de 14 ans), 15 à 75 ans pour le zoom sur les vélos électriques et 18 à 75 ans pour le zoom sur les voitures électriques (les pratiques étant quasi inexistantes au-delà de ces âges limites)
- Trajets en voiture électrique : seule la motorisation des véhicules à disposition du ménage étant connue, les trajets qui sont réalisés avec une voiture électrique de location ou prêtée ne sont pas pris en compte. Ils constituent néanmoins une part infime des trajets en voiture.
- Les enquêtes intégrées dans l’étude sont :
Agglomération enquêtée (Département couvert) | Année | Population 15-75 ans |
|---|---|---|
| Bordeaux (et Gironde) | 2021 | 1 199 398 |
| Reims | 2021 | 222 252 |
| Les Sables d’Olonne | 2021 | 38 030 |
| Saint-Etienne | 2021 | 520 859 |
| Angers | 2022 | 347 951 |
| Caen (et Calvados) | 2022 | 506 530 |
| Chambéry | 2022 | 200 350 |
| Lannion | 2022 | 71 013 |
| Toulon | 2022 | 440 030 |
| Clermont-Ferrand | 2023 | 409 621 |
| Lens/Béthune | 2023 | 462 980 |
| Nice (et Alpes-Maritimes) | 2023 | 879 720 |
| Toulouse | 2023 | 1 062 870 |
| Nevers | 2023 | 102 931 |
| Angoulême | 2023 | 46 856 |
| Ensemble |
| 6 511 389 |
Plus d’informations sur ces enquêtes et leurs périmètres sont disponibles sur une page dédiée.
Chaque enquête est redressée au périmètre de sa population selon la taille du ménage, l’âge, le sexe, le lieu de résidence et la motorisation des ménages.
Ces données comportent au total 131 000 personnes enquêtées (15-75 ans) et représentent 6 511 000 personnes âgées de 15 à 75 ans.
Les EMC² 2021-23, une population plus urbaine que la population métropolitaine hors Ile-de-France, mais dont un tiers réside en zone rurale
Cette base unifiée des EMC² 2021-2023 couvre des territoires plutôt urbains : les grands centres urbains sont surreprésentés (44% des résidents âgés de 15 à 75 ans de la base unifiée des EMC² 2021-23) par rapport à la population métropolitaine hors Ile-de-France (27% des résidents de 15-75 ans) : les territoires ruraux y sont sous-représentés. Plusieurs EMC² couvrent un département entier (Gironde, Alpes-Maritimes, Calvados) permettant de disposer tout de même de données sur des territoires ruraux ou sous influence de grande agglomération.
Néanmoins, si la population des EMC² 2021-2023 est plus urbaine que la population hexagonale hors Ile-de-France, elle reste proche de la structure de la population hexagonale hors Ile-de-France :
- Les 15-30 ans représentent 21.5% de la population de référence (15-75 ans) contre 21.6% au niveau national [1], les 60-75 ans représentent 21.8% de la population de référence contre 26.9% au niveau national.
- 67% de la population étudiée est active occupée, contre 70% au niveau national
- Les cadres représentent 14.2% de la population active occupée étudiée, contre 16.5% au niveau national hors Ile-de-France
L’âge moyen du parc des véhicules à disposition des ménages dans ces enquêtes (11,8 ans) est par ailleurs proche de l’âge moyen du parc national au 1er janvier 2023 (10,8 ans [2]).
La place de ces modes émergents dans la mobilité
Voitures électriques : les trajets en tant que conducteur de véhicule électrique représentent 1% des trajets des territoires enquêtés [3]. Ce chiffre, rapporté aux 52.4% de trajets réalisés en tant que conducteur de voiture, signifie que moins de 2% des trajets en voiture sont réalisés en véhicule électrique.
Vélos à assistance électrique : sur le périmètre d’étude, moins de 0,5% des trajets sont réalisés en vélo électrique. Rapporté à l’ensemble des trajets réalisés en vélo, musculaire ou à assistance électrique, ce sont ainsi plus de 10% des trajets en vélo qui sont réalisés avec un vélo à assistance électrique.
Engins de déplacements personnels motorisés (trottinettes, hoverboards, gyroroues électriques) : moins de 0,5% des trajets sur les territoires couverts sont réalisés en EDPM.
EMC² 2021-23 – Mode regroupé | Part des trajets [4] | Part des kilomètres parcourus |
|---|---|---|
Voiture thermique ou hybride (conducteur) | 51.5% | 73.7% |
Voiture électrique (conducteur) | 0.9% | 1.3% |
Voiture passager | 6.6% | 9.9% |
| Deux-roues motorisé | 1,2% | 1,5% |
| Transports en commun | 7,8% | 8,1% |
| Vélo musculaire | 2,5% | 1,3% |
| Vélo à assistance électrique | 0,4% | 0,2% |
| Marche [5] | 25,4% | 3,4% |
| EDPM | 0,3% | 0,1% |
| Autres | 3,3% | 0,5% |
Distance moyenne : quel domaine de pertinence de chacun de ces modes ?
Voitures électriques : Les trajets réalisés en tant que conducteur de véhicule électrique sont d’une portée très similaire à la voiture thermique : d’une distance moyenne de 11.7 km chez les conducteurs, contre 9.1km chez les conductrices, ces distances et leur distribution (quartiles de distances) sont très proches de celles réalisées en voiture thermique.
Vélos à assistance électrique : Le vélo électrique semble permettre des trajets légèrement plus longs en moyenne, notamment chez les femmes (3.6 km sont parcourus en moyenne par trajet en vélo électrique contre 2.9 km en vélo musculaire)
Engins de déplacements personnels motorisés : Les trajets en EDPM sont plutôt courts, de 2.5 km par trajet en moyenne chez les femmes à 2.8 km chez les hommes. La distribution des distances reste comparable à celle du vélo musculaire.
Ces données des EMC² 2021-23 dressent des premiers constats de la part que représentent ces modes dans la mobilité, plutôt urbaine, et de leur domaine de pertinence. Pour en apprendre davantage sur les usagers qui utilisent ces modes et sur leurs pratiques de mobilité en semaine (du lundi au vendredi), les 3 articles suivants proposent un zoom sur chacun de ces modes et leurs usagers.
[1] Les comparaisons nationales sont issues de l’enquête nationale de mobilités réalisée par le SDES, couvrant la France métropolitaine. Notre population de comparaison exclut l’Ile-de-France.
[2] SDES, novembre 2023.
[3] Le type de véhicule n’étant pas systématiquement connu pour les personnes décrivant un trajet en tant que passagers.
[4] Mobilité locale : hors trajets supérieurs à 100km ; individus âgés de 18 à 75 ans.
[5] Usuellement considérés comme des déplacements et non des trajets car ne faisant pas appel à un mode mécanisé, les déplacements à pied ont ici été « transférés » en trajets pour établir une répartition modale cohérente. La marche intermodale n’est pas prise en compte.
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